vendredi 8 juin 2007

«Malagasy mijoro, Madagasikara mandroso»

«Le Cahier de Madagascar N°1»

«Malagasy mijoro, Madagasikara mandroso»

"Nous souffrons d'une asymétrie entre notre connaissance de la nature et notre connaissance de l'homme, entre la conscience du monde extérieur et l'ignorance du monde intérieur. Pourtant, peu de gens aimeraient revenir au temps passé. Ceux qui se coupent du monde matériel pour chercher un renouveau spirituel dans la nature peuvent bien renoncer à leurs montres. Mais ils acceptent les livres, les lunettes, les vêtements manufacturés ... Certains sont millénaristes ; ils attendent une révolution apocalyptique qui redresserait les torts et généraliserait le bonheur ... D'autres sont des nostalgiques qui ressassent les bienfaits mythiques des sociétés primitives, communautaires et sans Etats. Le premier groupe illustre bien les limites humaines des bonnes intentions. Le second crache contre le vent. Ce n'est pas la direction que l'on prend." (par David S. Landes.)

C'est en ces phrases que le Cahier de Madagascar, titré "Malagasy mijoro, Madagasikara mandroso", annonce le contenu de ce manuel qui pourrait faire réfléchir plus d'uns. Non seulement sur l'histoire du pays que sur l'avenir à prédire ou à prévoir. La plume de Jean-Claude Ramandimbiarison trace sans équivoque l'espoir de tout Malgache, ou tout simplement ses craintes en l'avenir. "L'angoisse actuelle par rapport au temps à venir n'est intelligible que si l'on tient compte de l'effondrement des valeurs qui assuraient, durant la première moitié du XXè siècle, la participation des individus à la vie des sociétés. Les anciennes valeurs (...) se sont délitées et continuent à se déliter sans que de nouvelles valeurs parviennent à les remplacer et à les relayer dans leur rôle de régulation de la vie sociale et de la participation des individus à cette vie."

Coordonnateur du "Le cahier de Madagascar N°1" et non moins professeur titulaire de chaire en Sociologie et directeur du centre d'Etude et de Recherche en Sociologie Faculté DEGS-Tana, Jean Claude Ramandimbiarison explique : "Traversés et, jusqu'à un certain point, modelés par les flux médiatiques, les hommes et les femmes de notre temps semblent paradoxalement assez passifs. Puisque le capitalisme s'est révélé asservissant à travers ses modalités coloniales et post-coloniales, et puisque le socialisme a fait preuve de son impuissance à développer l'économie et à faire obstacle aux pratiques de la corruption et de la répression, pourquoi, pensent de nombreux jeunes, ne pas revenir à une certaine forme de notre identité collective, c'est-à-dire la Bible ?"

"A la recherche du futur", à travers l'histoire passée, du présent, dans tous les domaines, depuis la perte d'identité, en passant par sa recherche et à la prédiction du futur, ce Cahier se veut d'être -non pas le moralisateur- mais surtout une analyse d'une certaine forme de représentation du futur, via le champ politique de Madagascar dans tous ses états.

Les nombreux essais présentés dans ce livre portent la signature de personnalités : Jean Claude Randriamaro, Suzie André Ramamonjisoa, Annick Ramisamihantanirina, Johary Hasina Ravaloson, Guy Ratrimoarivony, Jaona Ravaloson, Eric Thosun Mandrara, Edmondine Ramaroson, Madeleine Ramaholimihaso, Serge Zafimahova et Jean Claude Ramandimbiarison.

Article publié dans Madagascar Tribune le 20/01/2004