jeudi 31 mai 2007

La Bonne Gouvernance - Vendredi du CDE N°19 - 23/03/2006

o Vendredi du CDE N°19, à Paris, « La Bonne Gouvernance ». invité : Michaël ANDRIANJAFY – 24/03/06…
" Si les investisseurs sont confiants, ils seront incités à augmenter les investissements ", selon le CDE à Paris. 07-04-2006 / 13:41
La « Bonne gouvernance et enjeux du développement : le cas de Madagascar » , a été le thème de la seconde conférence organisée à l'Assemblée Nationale française par le Club Développement et Ethique (CDE) et par Madagascar Entreprise et Développement (MED), le 24 mars dernier.
Après avoir débattu du thème « annulation de la dette et enjeux de développement : cas de Madagascar » sous le parrainage du groupe parlementaire du parti des Verts du député M. Noël Mamère le 21 octobre 2005 à Paris, c'est sous le parrainage du groupe d'amitié France-Madagascar de l'Assemblée Nationale française, et en particulier de son vice-président, M. Christian Ménard, député UMP du Finistère, que s'est tenu le 24 mars dernier à Paris, au Palais Bourbon, une conférence-débat sur le thème «Bonne gouvernance et enjeux du développement : le cas de Madagascar». La réunion était organisée par le Club Développement et Ethique (CDE), -qui le même jour, avait tenu à Antananarivo en partenariat avec la Friedrich Ebert Stiftung un « vendredi du CDE » sur la liberté de l'information, le secret de l'information et l'Etat de droit- et son association correspondante en France, Madagascar Entreprise et Développement (MED).
D'après un communiqué du CDE présidé par Serge Zafimahova, la conférence a eu lieu le 24 mars dernier à Paris. Une conférence qui a démarré par une communication de Michaël Andrianjafy, Docteur en Sciences Economiques, auteur d'une thèse de doctorat sur « Gouvernance et équité dans les PMA : application à Madagascar durant la période 1960-2002 ».

Le conférencier a notamment rappelé le côté incontournable de la bonne gouvernance, devenue non seulement le nouveau credo des bailleurs de fonds en matière de développement mais également, un enjeu fondamental pour les pays pauvres car considérée comme le passage obligé vers le développement.
La Banque Mondiale a même élaboré six indicateurs qui sont des mesures permettant de distinguer et de classer les pays en fonction de la qualité de leur gouvernance : la liberté d'expression, la stabilité politique, l'efficacité des pouvoirs publics, le poids de la réglementation sur les marchés, la primauté de l'Etat de droit et le contrôle de la corruption. Car le principe est simple : « des institutions saines et non corrompues sont le principal déterminant de la performance de long terme des économies ».
Une analyse comparative du cas de Madagascar et ceux des pays à croissance rapide d'Asie montre que l'efficacité des pouvoirs publics (entre autres, par sa garantie de la protection des droits de propriété) semble jouer un rôle très important dans le dynamisme économique.
Selon toujours le CDE, il existe un lien fort entre la qualité/l'efficacité des institutions et la croissance. Des institutions de bonne qualité permettent de mettre en place des politiques économiques bien avisées qui permettent des taux de croissance plus élevés. Même si des pays non démocratiques peuvent avoir des taux de croissance élevés, il est pratiquement certain qu'un pays qui manque de stabilité politique est sujet à une récession économique.
" Les pays réputés démocratiques sont tous politiquement stables, or un environnement politique stable amène la confiance des investisseurs car cela signifie que les droits de propriété et les contrats seront respectés ".
En toute logique, d'après toujours le communiqué, si les investisseurs sont confiants quant à la validité, la viabilité et la visibilité des règles et de l'environnement des marchés, ils seront incités à augmenter les investissements, ce qui est alors favorable à la croissance. Ceci implique une sphère politique dépassionnée et une forte légitimité des institutions publiques. En définitive, l'amélioration du système politique vers plus d'efficacité et de démocratie constitue pour Madagascar le véritable enjeu de demain.
Au cours du débat qui a suivi l'exposé liminaire, des précisons et compléments d'information ont été apportés concernant la politique et la stratégie menées actuellement par les pouvoirs publics malgaches en matière de bonne gouvernance.

Serge Radert, Coordonateur Général du Programme de Réformes pour l'Efficacité de l'Administration (PREA) et non moins Secrétaire Général du CDE, de passage à Paris lors de cette conférence, a expliqué le contenu et les objectifs du programme dont il assure la coordination à Madagascar. Il a, en particulier, insisté sur les thèmes qui sont concernés par ce programme (politiques et finances publiques, amélioration des services publics, gestion des agents de l'Etat, développement de l'e-gouvernance, valorisation du patrimoine de l'Etat). Il a souligné que nombre de réformes sont en cours pour améliorer l'efficacité des institutions publiques et visent en priorité : l'alignement et la synchronisation des différents processus de programmation (MAP, DSRP, PGE, Budget Programme, programmes des partenaires techniques et financiers), l'amélioration de l'application du budget de programme (programmation, exécution, suivi) en vue de faire du budget programme l'instrument principal d'arbitrage des priorités de l'action gouvernementale, la transparence de l'exécution du budget, l'augmentation des recettes fiscales, la simplification des procédures, la réforme des marchés publics, la mise en place du système informatique intégré de gestion des finances publiques, l'intranet de l'Etat et utilisation par les hauts dirigeants des TIC (ministres, SG, DG, Directeur), la rationalisation de la gestion des agents de l'État, etc.

D'après Serge Radert, ces actions sont orientées vers des résultats concrets avec une définition d'un calendrier, des objectifs et des indicateurs pertinents . Dans leur mise en ouvre, un dialogue régulier est instauré autour de l'évolution des indicateurs (observatoire des indicateurs) avec la société civile, le secteur privé et d'autres parties prenantes.
Répondant à une question, Serge Zafimahova a souligné l'importance d'engager des réformes pour la modernisation et l'efficacité du fonctionnement de l'Etat qui devraient baliser, à terme, les conflits d'intérêts observés. La bonne gouvernance exige des différents responsables de rendre compte et de favoriser la transparence en facilitant l'accès aux informations.
En concluant les échanges au nom des deux associations organisatrices, Jaona Ravaloson, Président de MED, s'est félicité du fait que le concept de bonne gouvernance, qui avait son origine dans le monde des entreprises et des marchés financiers, est appliqué maintenant à l'univers politique et à l'administration de l'Etat. Il a rappelé que MED a comme devise « lutter contre la pauvreté par la création d'entreprises » et que, par conséquent, sa vocation est de contribuer à la réalisation d'opérations d'investissement nationales ou étrangères, contribuer à l'émergence d'entreprises et contribuer à la diffusion de l'esprit d'entreprise à Madagascar.
Il est à souligner que les réflexions et les actions du CDE et de MED ne s'inscrivent pas sur le court terme mais sur le moyen/long terme. Ce qui paraît plus important est l'enracinement et la consolidation de la bonne gouvernance au-delà des régimes politiques en place, c'est-à-dire des règles et des structures institutionnelles, administratives et opérationnelles qui régissent le pays et qui conditionnent l'efficacité des acteurs du développement en général et de l'économie en particulier.
Solofo Andrianjakarivelo
©DTS